Chaque année, ce sont près de 6.000 étudiants marocains qui font le choix de poursuivre leurs études dans des universités et instituts de formation espagnols. Cette mobilité, en plus d’offrir aux étudiants marocains l’opportunité d’accéder aux établissements d’enseignement supérieur hispanophones, leur permet de jouer un rôle actif dans le développement futur des relations économiques et sociales entre l’Espagne et le Maroc.
Destination de plus en plus prisée des étudiants marocains, l’Espagne offre un système éducatif avec une qualification facilitant l’entrée sur le marché du travail, tout en bénéficiant de frais de scolarité compétitifs et d’un excellent niveau de formation.
Pour se faire connaitre auprès des jeunes marocains, les universités espagnoles organisent annuellement le Salon des universités espagnoles au Maroc à l’initiative du service espagnol pour l’internationalisation de l’éducation et le département de l’éducation de l’Ambassade d’Espagne au Maroc. Ce forum vise à promouvoir l’internationalisation du système universitaire espagnol pour offrir aux étudiants marocains un large éventail d’options pour l’enseignement supérieur, à encourager la mobilité entre l’Espagne et le Maroc et à offrir aux étudiants marocains l’opportunité d’accéder à l’université espagnole dans le but de jouer un rôle actif dans le développement futur des relations économiques et sociales entre l’Espagne et le Maroc. L’ambition est également de contribuer au développement des relations scientifiques, culturelles et économiques entre les deux pays ainsi que le renforcement de la connaissance mutuelle des institutions. Il s’agit d’une opportunité pour créer des liens entre les universités marocaines et espagnoles et développer les projets qui sont déjà mis en œuvre et pour s’informer sur les propositions des universités et des établissements d’enseignement supérieur espagnols, ainsi que de partager les affinités culturelles et les domaines d’intérêt commun dans la recherche scientifique.
Après le succès de sa troisième édition, marquée par la présence de vingt universités et d’un large public marocain, la foire des universités espagnoles a donné un rendez-vous virtuel aux étudiants pour l’édition 2020 qui intervient en pleine pandémie du Covid-19. Ce 4e Salon a convié 28 universités espagnoles représentant différentes régions espagnoles. Selon des données récentes, la plus forte demande du Maroc en matière de formation est constatée dans les domaines du tourisme, de l’odontologie, de la médecine et de l’agroalimentaire. À noter qu’en janvier 2019, l’Espagne avait initié, conjointement avec le Maroc, un projet pionnier de mobilité des étudiants marocains vers les universités espagnoles, financé par des fonds européens. D’une durée maximale de deux ans et un budget d’environ 2,5 millions d’euros, ce projet devra bénéficier à quelque 80 étudiants marocains qui pourront préparer des masters dans des universités espagnoles.
Entretien avec Jordi Solé Cuatrecasas, directeur général Planeta Formation et Universités Maroc
«Notre politique d’enseignement est basée sur une collaboration étroite avec le monde professionnel. Nous adaptons régulièrement nos programmes à la demande et aux mutations du marché du travail»
Le Matin : Cela fera deux ans que vous avez lancé votre premier campus au Maroc. Quel bilan dressez-vous de cette expérience ?
Jordi Solé Cuatrecasas : En effet, nous avons accueilli notre première promotion en 2018, avec le démarrage de notre école OSTELEA Tourism Management School, orientée vers le secteur du tourisme. Depuis, nous avons élargie notre offre de formation avec une école spécialisée en Administration des affaires, ESLSCA Business School, une école spécialisée en Management du sport (SMS), ainsi que EGE, dédiée à l’intelligence économique et au Management stratégique. OSTELEA et ESLSCA offrent des parcours BAC+5 accrédités par l’État marocain, ainsi que des parcours exécutifs pour les professionnels dans différentes spécialités. SMS et EGE proposent pour l’instant des parcours exécutifs pour les professionnels, en format de 12 mois ou en format court certifiant.
Nous comptons également environ 20% d’étudiants venant de l’Afrique subsaharienne, ce qui confirme la pertinence de notre choix de nous installer au Maroc, en tant que Hub sur le continent africain.
La pandémie a contraint les établissements scolaires à changer leurs modèles. Comment gérez-vous cette situation ?
Comme tous les opérateurs de l’éducation et de l’enseignement dans le monde, nous avons dû nous adapter. Et dès le début de la pandémie au Maroc, nous nous sommes conformés aux décisions et aux orientations des autorités marocaines, en mettant en place un plan de continuité, aussi bien pour le volet enseignement que pour le volet administration. L’expérience du groupe en matière d’enseignement en ligne nous a permis de rapidement assurer la transition, grâce à une plateforme dédiée à l’enseignement, que nos enseignants et nos étudiants se sont rapidement appropriée, et le résultat de cette expérience a été satisfaisant, que ce soit pour le suivi des cours ou pour les épreuves d’examen, malgré les circonstances très particulières de la période de confinement.
L’actuelle rentrée universitaire se déroule dans de bonnes conditions de sécurité pour nos étudiants, nos enseignants et nos collaborateurs. Nous avons une infrastructure de très bon niveau, dotée d’équipements modernes, notamment des caméras, que nous avons installées dans toutes nos classes pour assurer aux étudiants encore en distanciel une expérience d’apprentissage optimale, au même titre que leurs camarades qui sont en présentiel. Nous avons donc opté pour un format combiné entre présentiel et distanciel, avec une organisation des cours qui priorise la sécurité des étudiants et des enseignants, tout en garantissant la qualité de l’enseignement dispensé. Nous avons dû également nous adapter et trouver des solutions pour les familles dont les revenus ont été affectés par cette crise, notre objectif étant de maintenir nos équilibres, tout en préservant la qualité d’apprentissage pour tous nos étudiants.
Quels seraient les leçons à tirer de ces changements opérés de manière brusque, pour en faire des leviers de développement du secteur ?
Je crois que cette crise entraînera des transformations profondes dans différents domaines, notamment dans celui de l’éducation. Ces derniers mois nous ont démontré que le modèle d’enseignement en ligne pouvait être une composante de l’expérience d’apprentissage, et parfois même une solution pour les zones les plus enclavées, à condition que cela soit appliqué dans des proportions raisonnables par rapport au modèle présentiel, et que tous les moyens technologiques et humains soient déployés pour garantir aux étudiants une expérience de qualité et fiable.
Avez-vous prévu un soutien psychologique des étudiants qui ont vu leur rythme de vie estudiantine chamboulé par la crise ?
Nos équipes pédagogiques, nos enseignants et l’ensemble de nos collaborateurs ont été mobilisé depuis le début de la crise pour apporter tout le soutien nécessaire aux étudiants et aux familles, en cette période compliquée, pour leur garantir une continuité et une qualité d’apprentissage. Le taux d’assiduité très élevé, y compris durant la période de confinement, nous a conforté quant au sérieux de nos étudiants et l’enthousiasme manifesté par eux durant cette nouvelle rentrée nous rassure sur la période à venir.
Le marché du travail est en train également de changer de visage. Comment anticipez-vous cette métamorphose en termes d’offre de formation ?
Notre politique d’enseignement dans tous nos établissements est basée sur une collaboration étroite avec le monde professionnel et les entreprises qui le composent. Nous adaptons régulièrement nos programmes et les contenus à la demande et aux mutations du marché du travail. C’est pour cela que tous nos programmes connaissent des taux d’employabilité dépassant les 80%. Évidemment, les mutations que connaîtra le monde économique, notamment en matière d’émergence de nouveaux métiers, fait partie des éléments que nous intégrons dans l’élaboration de nos programmes et de nos contenus pédagogiques, dans l’objectif de maintenir un taux d’insertion professionnel élevé, avec des profils de qualité. Nos étudiants qui seront sur le marché de l’emploi à partir de l’année prochaine bénéficieront de cette agilité dans la programmation pédagogique, et seront nécessairement déjà préparés à intégrer un monde professionnel différent.
Le secteur du tourisme est considéré comme le secteur le plus touché par la crise. Est-ce que cette réalité impacte l’offre de formation de Planeta sur ce volet ?
Il est clair que l’industrie du tourisme est l’une des plus impactées par la crise actuelle, et ce partout dans le monde. Ce secteur connaîtra des transformations importantes à la sortie de la crise, à différents niveaux, mais reprendra son rythme de développement et sa dynamique de croissance d’ici 12 à 24 mois, selon les prévisions des professionnels. Nos programmes spécialisés en tourisme tiennent compte de ces transformations, et les étudiants d’aujourd’hui seront sur le marché du travail au moment où le secteur du tourisme reprendra son embellie et retrouvera sa dynamique de croissance, cela ne fait aucun doute.